Menacé d’extinction au début du siècle, le bouquetin des Alpes doit son salut à la création en 1922 du Parc National du Grand Paradis, en Italie, et du Parc National de la Vanoise en 1963 qui compte à présent près de 2000 individus.
Emblème du Parc National de la Vanoise, vous ne manquerez pas d’essayer de l’apercevoir lors de vos randonnées dans cette région.
Quoi qu’en disent certains (que j’invite à me contacter car la curiosité me démange), le bouquetin est beaucoup plus facile à approcher que son compagnon le chamois. Seulement…. il faut le mériter, et surtout l’été !
A première vue, le bouquetin n’est ni plus ni moins qu’une grosse chèvre de montagne. Mais sacrément agile et à l’aise sur les pentes les plus escarpées, il vous flanque le vertige rien qu’à le regarder. C’est qu’il adore se balader sur les arrêtes rocheuses, entre 2.000 et 3.500 mètres d’altitude. Remarquez, c’est là qu’il a la meilleure vue. Parce que l’animal voit bien, et que s’il vous laisse l’approcher, ce n’est pas que vous ayez déjoué sa vigilance, mais plutôt qu’il sait qu’il lui suffira de quelques bonds pour se mettre hors de votre portée.
Pour l’approche, il vous faudra vous lever tôt. D’abord parce que vous aurez plus de chance de les voir, et aussi parce que cela peut vous prendre du temps de les rejoindre et qu’il vous faut prévoir une bonne marge de balade.
Munis de vos jumelles, vous scruterez les arrêtes rocheuses sur lesquelles vous ne manquerez pas de remarquer sa silhouette se découpant sur le ciel. Là, c’est pour le plus facile. Lorsque le bouquetin a décidé d’aller se prélasser dans les éboulis ou contre les parois rocheuses, il devient très difficile à détecter. Seul un œil habitué peut l’y repérer, surtout s’il ne bouge pas.
Une fois repéré, vous étudierez la carte pour localiser sa position et trouver le meilleur chemin pour aller à sa rencontre. Ne sortez pas des sentiers pour aller droit sur lui. D’abord par ce que c’est souvent dangereux (n’oubliez pas que vous êtes en montagne et qu’on ne rigole pas avec la sécurité), ensuite parce que vous découvrirez bien vite que vous êtes loin d’avoir son agilité et que ce serait bien dommage que vous vous cassiez la gu… figure, autant pour vous que pour votre matériel photo, que je vous conseillerai de garder rangé bien à l’abri pendant la phase d’approche.
Vous aurez certainement beaucoup de détours à faire pour arriver à une position proche de celle du bouquetin repéré, mais dites-vous toujours qu’un chemin détourné et sécurisé vaut bien mieux qu’un chemin direct risqué. Pensez aussi qu’il est toujours plus facile de garder son équilibre en grimpant qu’en descendant, et qu’il vous faudra justement redescendre tôt ou tard. Montez doucement, et profitez du paysage qui s’offre à vous au fur et à mesure de votre grimpette.
Lorsque vous arriverez à hauteur de votre sujet et que vous pourrez alors vous approcher, faites-le doucement, et si vous avez le sentiment de le déranger, n’insistez pas. Si tout se passe bien, vous pourrez vous rapprocher peu à peu, tout en vous gardant une distance de sécurité (on ne sait jamais). Mais faites très attention si vos bouquetins évoluent sur une arrête ou sur un bord de falaise. Dites-vous toujours qu’ils ont une agilité que vous ne possédez pas et soyez conscients de vos limites. Surtout pas d’imprudence. Le bouquetin vous laissera approcher jusqu’à ce qu’il vous juge trop près. Mais comme il n’est relativement pas farouche, vous aurez toutes les chances d’arriver à bonne distance de lui tranquillement.
C’est au début de l’automne qu’il vous montrera un pelage plus esthétique qu’au printemps, où la mue lui donne souvent une allure mitée qui ne lui va pas très bien.
Vous ferez facilement la différence entre les mâles et les femelles qui ont des cornes beaucoup plus petites, ne dépassant pas 20cm.
L’approche du bouquetin est souvent un bon prétexte pour grimper dans les hauteurs. De là haut, on profite d’un paysage magnifique, et si les bouquetins ne sont pas au rendez-vous, lancez-vous dans la photo de paysages, vous aurez de quoi faire !
Lorsque vous redescendrez le soir, ouvrez grand vos yeux. Il n’est pas rare que vous rencontriez sur votre chemin plusieurs centaines de mètres plus bas, les bouquetins que vous étiez partit chercher si haut. Ils n’auront eu aucun mal à vous devancer et vous aurez certainement quelque part l’impression qu’ils se moquent de vous. Mais oubliez vite ces mauvaises pensées, ce ne sont pas des êtres foncièrement blagueurs. Quoique…
Parfois, dans le silence de la montagne, vous entendrez résonner le choc des cornes des mâles s’entraînant à l’affrontement qu’ils livreront pour le rut à la fin de l’année.